Après La Bataille de la Marne, La stabilisation du front
Après sa victoire sur la Marne, l’Etat-Major Français décida de poursuivre l’offensive en tentant de contourner l’ennemi dans l’Oise avec la VIème Armée. C’est également à cette période, (12-19 septembre) que les troupes allemandes décidèrent d’engager leurs réserves dans la bataille. Ainsi, ils mirent en échec la manœuvre française et réussirent à stopper son offensive en enferment la 37ème D.I. dans Carlepont.
Sur la rive gauche de l’Oise, une habile colonne de cavalerie allemande réussit à s’infiltrer derrière les troupes françaises en passant par le Matz, venant ainsi semer la panique dans l’arrière garde de la 25ème D.I. française qui tenait le secteur de Machemont et Ribécourt.
Se voyant bloquée sur l’Oise, la IIème Armée française, tente à son tour un débordement dans le département de la Somme qui sera mis en échec par l’arrivée dans ce secteur des XVIII, XXIème corps d’armées allemands. Cette suite d’engagement successif des troupes vers le Nord, fut nommée ‘’la course vers la mer’’.
Fin septembre, des esquisses de tranchées prennent naissances. Dès lors l’infanterie des deux camps cherche le contact en organisant des patrouilles. Une fois l’ennemi localisé, une tranchée profonde est creusée à proximité de l’adversaire, permettant ainsi, de contenir l’envahisseur et de préparer la troupe à une prochaine offensive que l’on croit décisive.
Cette situation se généralise sur toute la ligne de combat et donne ainsi naissance à un front de 700 kilomètres de long de la mer du Nord à la frontière Suisse.
La Bataille de Quennevières
Début mai 1915, le Général Nivelle commandant la 61ème Division de Réserve, correspond avec le Général Ebener, commandant le 35ème Corps d’Armée et le Général Dubois de la 6ème Armée. Leurs propos évoquent une éventuelle attaque sur les abords de la Ferme de Quennevières afin de réduire le saillant entre Puisaleine et Moulin-sous-Touvent.
Dès le 31 mai, les 73ème et 121ème Brigades sont désignées pour accomplir l’attaque. Pour ce faire, elles reçoivent en renfort plusieurs compagnies provenant des divisions voisines. La 73ème Brigade a pour mission de prendre les tranchées allemandes entre la Ferme des Loges (La Bascule) et celles faisant face à la Ferme de Quennevières. La 121ème, quant à elle, doit prendre la route de Moulin-Sous-Touvent ainsi que le ravin de la côte 111 (Ravin du Martinet).
En secret, plusieurs batteries de différents calibres renforcent le dispositif mis en place par l’Etat-Major. Le 4 juin, les ordres N°463 et 467 de la 6ème Armée prévoient au 35ème Corps d’Armée d’exécuter l’attaque le lendemain.
Quelques heures plus tard, un contre-ordre la repousse au 6 juin. L’artillerie ouvrira le feu à 10 heures et l’infanterie s’élancera le 6 juin à 10h15. La décision prise, le Général Nivelle installe son poste de commandement dans la maison du gardien à l’entrée du parc d’Offémont, alors que le Général Ebener investi le château.
Le 6, vers 4h50, une mine explose sous les tranchées ennemies puis les tirs d’artilleries français s’accentuent. A 10 heures, les derniers soldats prennent place contre le parapet. A l’heure H, la première vague s’élance. En moins d’une demi-heure, les premières lignes allemandes et la route de Moulin-Sous-Touvent sont enlevées à coups de grenades et de baïonnettes. La surprise est totale, l’ennemi est en déroute. Une section de poilus parvient à franchir le Ravin du Martinet. Ils détruisent trois canons allemands de 77, après avoir abattu leurs servants, mais se trouvant isolés et trop avancés, ils sont contraints de rebrousser chemin. Vers 11 heures, une deuxième vague de zouaves et de poilus s’élance pour venir soutenir les tranchées conquises et repousser toute contre-attaque ennemie.
35 minutes plus tard, les zouaves aidés par les tirailleurs attaquent à nouveau en direction de la Bascule mais le réseau de barbelés ennemi insuffisamment détruit par les tirs d’artilleries empêche toute progression. L’attaque est stoppée et l’après-midi est occupé à creuser des boyaux de liaison entre l’ancienne première ligne française et les positions conquises. En soirée, les fantassins ayant combattu sont remplacés par des combattants capables de faire face à une éventuelle attaque de nuit. Le lendemain, l’état major de la 35ème armée déclare avoir fait 246 prisonniers du 86ème Régiment de Fusiliers de la Reine et avoir perdu environ 2000 hommes. Le terrain conquis représente environ 1000 mètres de largeur sur autant de profondeur.
Le 8 juin, les Allemands passent à l’offensive en bombardant pendant plus de 8 heures les tranchées perdues l’avant-veille et provoquent la perte supplémentaire de 200 poilus. Pendant ce temps, des soldats, sous-officiers et officiers ayant participé à l’attaque reçoivent la Croix de Guerre devant le château d’Offémont. En soirée, le Général Nivelle, enthousiasmé par la réussite de l’attaque, décide en relation avec son état-major, de poursuivre l’offensive le 12 juin. Mais le manque de temps pour la préparation fera repousser l’attaque au 15.
L’ennemi, quant à lui, renforce son artillerie et organise une nouvelle première ligne.
Le 14 juin, il prend de cours les Français en lançant une attaque avec un régiment de réserve. Son artillerie détruit les tranchées et les abris. Sous la pression, les poilus doivent concéder le terrain conquis.
Les plans français sont déjoués malgré une contre-attaque de nuit peu fructueuse. Les généraux décident alors repousser de l’attaque au 16 juin, avec comme objectif principal le lieu dit ‘’La Bascule’’.
A la date convenue, à 6 heures du matin les soldats mêlés aux zouaves, partent à l’assaut. Mais cette fois-ci, l’ennemi bien renseigné sur les intentions de l’adversaire enclenche un tir de projectiles de toutes sortes puis contre-attaque à midi et reprend encore du terrain menaçant d’encerclement le 42ème R.I. français. L’offensive ne peut plus progresser. A 15 heures, le Général Nivelle, ordonne une nouvelle attaque et parvient à le dégager. L’artillerie allemande redouble d’intensité forçant les poilus à battre en retraite de façon définitive.
Ainsi, après avoir perdu le terrain conquis le 6 juin, l’offensive de Quennevières fut désignée par l’état major français comme une demi-victoire sur l’assaillant. Mais avant tout, une véritable occasion d’enfoncer les lignes allemandes en profondeur avait été manquer par l’absence de combattants en réserves.
La bataille de Noyon
Le 21 mars 1918, après un an de répit sur la Ligne Hindenburg, trois armées allemandes se lancent dans une offensive de part et d'autre de Saint-Quentin. Bientôt, les lignes anglaises sont éventrées sur 80 Km et les vingt-sept divisions de Von Hutier déferlent vers le sud-ouest en direction de Noyon avec pour objectif de séparer les armées françaises des armées anglaises.
L'ennemi aux portes de Noyon.
Le 22 mars au matin, le général Pellé, commandant le 5ème corps d'armée français, se voit confier le commandement d'un groupement de forces destiné à entraver la marche ennemie et à recueillir les restes de la 5ème armée anglaise en retraite. Organisé à la gauche de l'armée française, ce groupement de divisions (dont la 9ème et la 1ère) a mission de barrer la route Noyon-Compiègne-Paris aux troupes allemandes. Dans la soirée, tandis que le général Pellé installe son PC dans l'Hôtel de Ville de Noyon et que les troupes nouvellement arrivées prennent position dans les villages entre Noyon et Guiscard, les Allemands poursuivent leur avance en dépassant le canal entre Somme et Oise, Tergnier, Jussy...
Le 23 mars, l'ennemi entre dans Ham. La 9ème Division d'Infanterie, sous la conduite du Général Gamelin, organise alors la défense du Noyonnais à partir de Flavy-le-Meldeux et Plessis-Patte-d'Oie. La progression allemande semble alors se ralentir mais, le 24 mars au matin, l'ennemi pénètre dans Golancourt. La pression devenant irrésistible, les rues de Noyon vont se trouver encombrées de civils fuyant une probable nouvelle occupation ennemie, tandis que les soldats anglais et français refluent des secteurs de combat.
La 9ème DI française est alors aux prises avec six divisions allemandes (1ère bavaroise, 5ème de la garde, 10ème, 34ème, 36ème et 45ème de réserve) soutenues par trois divisions en réserve (la 9ème, la 33ème, la 37ème). Renforcée par le 89ème RI, la 9ème DI tente de tenir tête sur la ligne Beaugies-Guiscard. A 22 heures, Beaugies et Maucourt tombent, forçant la réorganisation de la défense. Le PC de la 9ème DI quitte Quesmy pour Noyon d'où, depuis la tombée de la nuit, les trains emportent les civils.
La prise de Noyon.
Le 25 mars, la 9ème DI tient toujours ses positions. Placée sous le commandement de la 1ère DI venue en renfort, elle se voit ordonner, à 4 heures 30 du matin, de tenir coûte que coûte ses positions et d'appuyer le mouvement de contre-attaque en direction de Guiscard. Ce mouvement sera effectué par la 1ère DI dès son arrivée prévue pour 9 heures. Mais à 7 heures 30, trois divisions ennemies prennent de court les troupes françaises et s'élancent sur Noyon. La 9ème division résistera seule jusqu'à ce que deux des trois régiments de la 1ère division parviennent à la rejoindre une heure et demie plus tard, et contre-attaquent depuis Crisolles de part et d'autre de la route Noyon-Guiscard.
L'avancée allemande est arrêtée, le calme revient. Puis, vers 17 heures, subissant une attaque appuyée, Beaurains tombe. La progression rapide de l'ennemi oblige les troupes à se replier sur les hauteurs de Noyon. Cette situation critique risquant de compromettre le repli des forces d'artillerie françaises, le Général Gamelin décide de dégager son artillerie et de la regrouper à Dreslincourt et à Cambronne. Tandis que toutes les unités sont rassemblés et remises en ordre, il se charge de constituer un nouveau front sur la ligne Pont-l'Evêque-Porquéricourt. L'arrivée de deux régiments de la 35ème DI, le 123ème RI à Ribécourt et le 57ème RI à Baboeuf, permet l'application de ce plan d'action.
Dès 18 heures, le 57ème RI est mis à la disposition de la 1ère DI à Tarlefesse pour en soutenir l'infanterie avec comme consigne: "Tenir le plus longtemps possible la lisière nord de Noyon et interdire l'accès du canal du Nord en construction, vers son aboutissement à la grande route de Noyon." Pendant ce temps, l'évacuation des civils se poursuit, illuminée par les incendies des dépôts d'approvisionnements anglais. A 22 heures, les Allemands entrent dans la partie nord du quartier de cavalerie. Les troupes du 57ème RI s'efforcent de résister à la pression des assaillants. Elles doivent gagner du temps pour permettre au 123ème RI de prendre position sur la ligne Pont-l'Evêque-Mont Renaud. Vers 23 heures, le 123ème RI est prêt à faire barrage. Le repli des derniers soldats peut commencer. Les derniers dépôts d'essence, les véhicules et le matériel que la troupe ne peut emporter sont incendiés. Le 26 mars, à 2 heures du matin, l'ordre de rompre le combat et de se replier sur la ligne Pontoise-Sempigny-Mont Renaud est donné. Peu à peu, Noyon se vide de ses soldats français et, à 6 heures du matin, la ville est gagnée par les troupes allemandes.
"Noyon détruite par nous"
Pour la seconde fois en trois ans, Noyon avait échappé aux combats. Mais si la "bataille de Noyon" (23-25 mars 1918) toucha le nord Noyonnais sans trop atteindre la ville, la "bataille du Mont Renaud" (26 mars-30 avril 1918) eut de plus graves conséquences pour la cité de Calvin. En effet, la prise de Noyon par les Allemands le 26 mars au lever du soleil se fit à l'issue d'un prompt et ardent combat de rues. Mais l'installation de l'infanterie et de l'artillerie allemande dans la ville fut accueillie par un tonnerre d'obus de gros calibres qui arrêta l'envahisseur dans son mouvement vers Compiègne.
En bombardant dès 5h30 les sorties de ville, l'artillerie française commençait à meurtrir la cité jusque là épargnée. Guidée par des avions de reconnaissance, elle ouvrit le feu sur le faubourg de Paris où affluait l'infanterie et sur les hauteurs de la ville où s'installait l'artillerie allemande. Le déluge d'obus de 180 et de 300mm, qui avait pour cible les positions de tirs ennemies, les voies de communication (carrefours, sorties de ville) et les secteurs de cantonnement, s'abattit bientôt sur le centre de Noyon incendiant, entre autres, l'Hôtel de Ville.
Le rapport du commandant de la 9ème batterie du 283ème Régiment d'Artillerie allemand témoigna de la violence de ce bombardement: "(...) Encore intacte le matin, la ville de Noyon abandonnée par ses habitants, était le soir une cité lugubre attendant la mort (...)". Alors que les troupes allemandes tentaient de prendre le Mont-Renaud, Noyon subissait les bombardements français, sacrifiant sa cathédrale le 1er avril pour sauver "le cœur de la France" cher au Général Humbert.
Un soldat allemand du 283ème RA, témoin de cette lutte acharnée, écrivit: "La jolie ville de Noyon, avec sa magnifique cathédrale encore intacte au bout de trois ans de guerre de 1914 à 1917, a été en moins de trois semaines réduite en un monceau de ruines sous le feu de l'artillerie française du plus gros calibre". Le supplice se poursuivit jusqu'au 30 avril, date à laquelle les attaques sur le Mont-Renaud furent suspendues.
Le barrage sur la ligne Pont-l'Evêque - Mont Renaud mis en place par le Général Gamelin avait tenu. Les Allemands, soumis à de terribles bombardements, réussirent à tenir Noyon grâce, en partie, au moral des troupes réconfortées par les stocks intacts de ravitaillements abandonnés sur place par les Anglais. Le 9 juin, après deux mois de répit, les Allemands dépasseront le Mont-Renaud au cours d'une offensive de grande envergure. Noyon subira d'autres destructions durant cet épisode et lors de la reconquête à la fin du mois d'août 1918.
La Bataille du Mont-Renaud
Un an après avoir appliqué leur repli stratégique (mars 1917), les Allemands lancent une offensive d’envergure avec pour objectif, la séparation des armées françaises et anglaises. Le plan réussit et en quelques jours les Alliés refluent. Les Allemands sont à Noyon. Dès lors, le Mont-Renaud allait devenir une terre sans patrie, un ‘’Verdun Noyonnais’’ où, tour à tour, les tranchées changèrent de nationalité.Le 25 mars 1918, la 35ème Division d’Infanterie française, partie de la Marne deux jours plus tôt, arrive pour renforcer les 1ère et 9ème divisions déjà en place. Son objectif est d’arrêter les troupes allemandes qui menacent Noyon et la montagne de Porquéricourt.
Le 26 mars, la situation devient critique, Noyon passe aux mains des Allemands et déjà, des éléments s’infiltrant par Pont-l’Evêque, gagnent les pentes boisées du Mont-Renaud pour prendre le château.
Le lendemain, les soldats français se mettent à l’ouvrage. Les anciennes positions de 1917 sont remises en service et améliorées.
Dès l’aube, les Allemands lancent deux assauts sur le Mont-Renaud qui, géographiquement, est le dernier rempart naturel situé sur la route Paris-St Quentin.
La première tentative d’invasion a lieu le matin, à l’aube, et échoue. La deuxième commence à 19 heures par un violent tir d’artillerie sur le Mont-Renaud et sur Passel avec des obus à gaz puis, sur la route nationale, interdisant l’accès à Chiry. La tactique allemande est simple. Les soldats, légèrement équipés en matériel, sont pourvus de mitraillettes et d’un grand nombre de grenades avec lesquelles ils doivent s’infiltrer dans les brèches françaises et tenter un encerclement. Mais la manœuvre, qui fut si payante ces derniers jours, échoue cette fois-ci.
Pendant deux jours, l’ennemi va accumuler quatre divisions. Puis le 30 mars, sous une pluie battante les 33ème, 34ème, 7ème et 103ème Divisions d’Infanteries allemandes lancent une attaque générale sur le secteur de Passel, et du Mont-Renaud. La préparation d’artillerie débute à 7 heures par tirs saccadés. Les troupes s’élancent et la 33ème D.I. s’empare de la partie Nord du Mont-Renaud puis, du chemin de Passel à Pont-l’Evêque. Les mitrailleuses françaises ayant peu souffert des tirs d’artilleries ennemis, ouvrent le feu dès le début de l’attaque avec le soutien des batteries de 75 et 105 mm qui sont dissimulées et restées sous silence dans les bois de la Carmoye et d’Attiche. Le feu roulant est si intense qu’il provoque des pertes sensibles dans les lignes allemandes. Mais ce massacre, n’empêche pas l’ennemi de s’installer sur les pentes et dans le bois du Mont-Renaud.
Le 6 avril, une nouvelle offensive est lancée. C’est au 130ème Régiment Infanterie allemand que revient la lourde tâche de prendre le Mont-Renaud. L’offensive débute à 14 heures mais très vite s’effondre avec de lourdes pertes.
Le 10 avril, c’est au tour des Français d’attaquer le Mont-Renaud par surprise. Ils prennent rapidement la première ligne allemande sous un terrible bombardement. Par cinq contre-attaques successives, les fantassins allemands du 130ème R.I. et du 135ème R.I. parviennent à récupérer partiellement leurs lignes.
L’armée française poursuit ses efforts le lendemain et tente, le 12 avril à 4 heures, une nouvelle offensive. Pour se faire, les artilleurs français déclenchent un violent tir de préparation. A 4h30, la partie boisée du Mont-Renaud s’illumine comme en plein jour. Ce sont des centaines de fusées éclairantes qui s’élèvent et annoncent l’attaque française. Les poilus s’élancent et pénètrent sur l’aile droite avec des lance-flammes. Après un combat acharné, le Mont-Renaud est repris dans sa quasi-totalité. Aussitôt, un lieutenant allemand rassemble les troupes disponibles et mène une contre attaque qui lui permet de reprendre l’aile gauche du mont puis, de rétablir temporairement la situation.
Le 13 avril, sera la journée la plus sanglante et la plus épuisante pour les troupes du 57ème R.I. qui tiennent le Mont-Renaud depuis le 26 mars. En effet, le régiment devra attaquer à cinq reprises pour repousser les deux assauts allemands.
Une autre offensive est tentée par l’ennemi le 15 avril. Elle est menée par des volontaires de la 33ème D.I. soutenus par des pionniers équipés de lance-flammes. L’attaque débute favorablement pour les troupes allemandes qui dépassent la cour du Château, incendiant les premières lignes et transformant les soldats français en véritables torches vivantes.
Sur l’aile gauche, les soldats prussiens ne parviennent pas à sortir de leurs lignes en raison du bombardement et de la fusillade. Par contre, l’aile droite réussit à contourner les lignes françaises mais, les combattants ne pouvant tenir seuls, doivent se replier.
Après quinze jours de préparations, sous le harcèlement de l’artillerie française, les Allemands attaquent en masse le Mont-Renaud. La préparation d’artillerie est d’une violence inouïe, des milliers d’obus à gaz sont à nouveaux projetés sur les troupes du 123ème R.I. et du 139ème R.I. Très vite le mont est perdu, toutes les lignes françaises sont enfoncées. Plusieurs poilus se réfugient dans les caves du château et tirent dans le dos des Allemands à travers les soupiraux. Un soldat armé d’un lance-flamme est transpercé par une balle, sa réserve d’essence explose, il meurt carbonisé dans les ruines du château. Dans l’aprés-midi, un bataillon du 123ème R.I amalgamé au 57ème R.I. contre-attaque et reprend le château. Malgré une lutte aux corps à corps, les premières lignes ne sont pas reprises. Cependant l’objectif est atteint puisque la route de Paris reste fermée à l’ennemi.
Dès lors, l’Etat Major allemand ne prendra plus de grande initiative sur le Mont-Renaud et concentrera ses forces en vue d’une attaque sur le Chemin des Dames.
Au total le Mont-Renaud aura été assailli vingt-trois fois par l’ennemi.
Le 57ème Régiment d’Infanterie, aura contré vingt-deux assauts et participé à seize attaques. Le dernier assaut allemand sera supporté par le 123ème R.I.
Les pertes pour la sauvegarde de la route de Paris s’élèvent à 721 hommes hors de combat en l’espace de trente-six jours pour le 57ème R.I. alors que le 123ème R.I déclare la perte de 369 hommes pour la seule journée du 30 avril 1918.
La Bataille du Matz
Pour passer le rempart naturel, dit ‘’Massif de Thiescourt’’, le Général Von Hutier employa les grands moyens, en préparant une nouvelle offensive qui débuta le 9 juin 1918. Pour ce faire, il mit en place une importante artillerie et amassa ses troupes sur une ligne allant de Montdidier à Noyon. Si le massif n’était pas pris d’un seul élan il serait encerclé.
Le jour J, à 12H50, un déluge de feu et d’acier s’abat sur les troupes françaises et aussitôt les premiers soldats de la 11ème D.I. allemande traversent les lignes Alliées. Sous la pression ennemie, le front cède sur Thiescourt, entraînant dans sa perte la Ferme d’Attiche, point culminant du massif.
Le 11 juin, les allemands sont à Mélicocq. La situation est inquiétante car, plus au Nord-Ouest, l’ennemi approche de Compiègne.
Cependant, l’état-major français ne fut pas surpris par l’attaque allemande car, quelques semaines plus tôt, des déserteurs allemands avaient préféré se constituer prisonniers plutôt que de se lancer dans une nouvelle bataille. Ils dévoilèrent en parti le plan du Général Von-Hutier. Ainsi, des réserves françaises attendaient l’ennemi sur le Matz pour le mettre en échec.
Pendant la bataille, une division se distingua et enregistra le plus grand nombre de pertes (4915 hommes). La 1ère Division de Cuirassiers à Pieds venait une nouvelle fois de se sacrifier pour contenir l’envahisseur en attendant les renforts.
Les dispositions de la 1ère DCP
A l’aube de l’attaque allemande du 9 juin 1918, la 1ère Division de Cuirassiers à Pieds se trouve en secteur devant Plessier-de-Roye en liaison avec, à sa gauche la 125ème D.I. devant Gury et à sa droite la 53ème D.I. devant Thiescourt.
Informée par des déserteurs allemands d’une attaque imminente, la division de cuirassiers prend ses dispositions en organisant deux sous-secteurs avec le 4ème régiment de Cuirassiers au Plémont, le 11ème régiment de Cuirassiers au Plessier-de-Roye, le 9ème Cuirassiers en deuxième position sur le Plateau de St Claude et des territoriaux en troisième position. Les liaisons seront assurées par deux escadrons du 10ème Régiment de Dragons, des coureurs, des chiens et des pigeons. L’artillerie, quant à elle, forte de 72 canons, est prête à faire feu dès le premier signal. Par prudence, tous les intervenants ont, au préalable, reconnu le terrain et organisé des passages secondaires pour éviter la route du Plateau-de-St-Claude qui deviendrait intenable en cas de bombardement intense de l’ennemi.
L’attaque allemande
Le 8 juin à 23H30, l’ennemi engage un violent tir d’artillerie par obus explosifs et toxiques. Son but est de détruire les tranchées de première et deuxième lignes et de neutraliser les batteries françaises. Le bombardement est si intense qu’il devient impossible de circuler sur le Plateau-de-St-Claude qui est défoncé par les trous d’obus et obstrué par des arbres abattus par les explosions.
A 3 heures, l’artillerie allemande déclenche un rideau de fumée derrière lequel les fantassins s’élancent. Leur objectif est de déborder le Plémont afin de l’encercler et faire prisonniers ses occupants. La manœuvre réussie sur la droite où la liaison avec la 53ème D.I. n’est constituée que de quelques postes. Sur la gauche, la situation devient critique, l’ennemi afflue en masse par Lassigny, si bien qu’à 4H35 le Plémont est presque perdu mais cependant les deux bataillons qui l’occupent affirment tenir bon. Cette information est capitale pour la suite des événements car si les Allemands prennent cette position stratégique, ils pourront diriger et contrôler leurs troupes vers Thiescourt et le Plateau-de-St-Claude. Pour endiguer le flux allemand, les territoriaux sont demandés en renfort, mais le bombardement est si puissant qu’il ne peuvent se déplacer sans perdre de nombreux hommes.
Pendant ce temps, l’armée allemande derrière son épais nuage de fumée continue sa progression en passant par le village de Gury, en direction du parc du château du Plessier-de-Roye alors défendu avec acharnement par le 11ème Cuir qui fini par être débordé par un ennemi toujours plus nombreux. Ce combat rapproché, donne naissance à de nombreux îlots défendus à l’aide des mitrailleuses et à coup de grenades que l’adversaire a du mal à situer tellement les gaz opacifient l’atmosphère.
Vers 6 heures, le Plémont est totalement encerclé. Cependant, quelques renseignements parviennent à l’état-major. Les unités en place se demandent si elles doivent reculer. Mais l’ordre et formel, ‘’Pas de repli, on tient sur place.’’
A gauche, les Allemands ont envahi Gury et les Carrières Madame situées dans le parc du château du Plessier. Le Colonel Commandant le 11ème Cuir est contraint d’abandonner son P.C. Dès lors, le recul devient inévitable. Des éléments du 11ème et 9ème Cuir organisent la tranchée de Bretagne le long de la route menant à Gury dans l’espoir de stopper l’ennemi dans sa progression et lui interdire le Plateau de St Claude qui ouvre la vallée du Matz.
A 8 heures, les Cuirassiers demandent de l’aide à la division de droite pour contre attaquer en direction du Plémont et libérer ainsi les camarades du 4ème Cuir qui continuent le combat. Malheureusement pour la 53ème Division la situation n’est pas bonne et aucune manoeuvre ne peut être tentée sur le Plémont où la radio du centre de résistance du bataillon Salverte vient d’être réduite au silence. A présent, seul le C.R. Béarn tient toujours et communique par téléphone avec l’arrière.
A l’ouest, l’ennemi progresse et s’infiltre en direction de Mareuil-la-Motte. Il en est de même à l’est où la carrière Chauffour est menacée. La situation apparaît clairement pour le commandement français. A présent, seul le Plateau de St Claude peut ralentir ou interdire la porte de Compiègne à l’adversaire.
A 11H30, l’ennemi bute sur la deuxième position française (tranchée de Bretagne) mais continue sa progression sur les côtés du Plateau qui est pris en enfilade par des batteries allemandes dissimulées dans le bois de Ricquebourg et cause de sérieuses pertes dans les rangs français. Au Plémont, le centre de résistance du Béarn, bien que totalement isolé, continu à tenir sa position et à communiquer avec l’arrière où le général Brécard commandant la division, réitère son ordre. ‘’Tenir sur place’’.
Quelques minutes plus tard, le 34ème Corps d’armée fait savoir que la 125ème D.I. a cédé sous la pression et que l’ennemi occupe Ressons. D’autre part, le colonel du 4ème Cuir reçoit vers midi, un bref message du C.R. Béarn qui résume en un mot sa situation: ‘’Foutu’’. Ainsi prend fin la résistance glorieuse du 4ème Cuir au Plémont.
La défense du plateau de Saint-Claude
Alors que l’artillerie allemande redouble d’intensité, l’infanterie semble marquer une pause en début d’après midi. Mais ce calme relatif précède la tempête car à 15 heures l’adversaire reprend son offensive et menace la tranchée de Bretagne. Il est alors décidé d’organiser la troisième position avec une partie du bataillon du 5ème régiment de territoriaux.
A 16 heures, les 9ème et 11ème cuirassiers amalgamés sont contraints de reculer. Alors, conjointement, les colonels commandant respectivement leur régiment, décident de rassembler tous les hommes encore valides et organisent la défense de la carrière. Ensuite, ils décident de contre attaquer et s’engagent alors dans une lutte acharnée à coups de fusils, de grenades et de mitrailleuses. Mais la pression allemande et de plus en plus forte et les survivants sont contraints de réoccuper la carrière qui est encombrée de blessés. Cependant ils doivent continuer la lutte pour en conserver l’entrée dans l’attente que la troisième ligne (tranchées de Brest) soit organisée par le génie et les territoriaux et puisse recueillir les cuirassiers qui dès, 18 heures, commencent à évacuer leurs dernières positions.
A droite, la situation est grave. Les Allemands progressent si rapidement qu’un groupe d’artilleurs est contraint d’abandonner ses batteries après avoir fait sauter les culasses. L’ennemi tient maintenant les abords du château de Bellinglise et s’apprête à envahir Elincourt-Ste-Marguerite. L’état major de la D.C.P. évacue sur Marest-sur-Matz alors que les rescapés du Plateau de St Claude s’enfuient par les bois d’Elincourt. A la nuit tombée, la zone est évacuée, le génie fait sauter les ponts sur le Matz. Le lendemain la division est regroupée sur Coudun. Les renforts arrivés pendant la tourmente passent à la contre offensive et enrayent l’ultime attaque allemande sur l’Oise.
La bataille de la Libération
La contre offensive août/septembre/octobre 1918.
Le 10 août les soldats français lancent une offensive sur le Matz. L’objectif est la prise de Chevincourt, de Machemont et de Cambronne. Les Allemands, surpris, se replient sans opposer trop de résistance et libèrent Chevincourt.
Le lendemain, l’ordre est donné de poursuivre l’offensive avec pour objectif général le front de Noyon, à Sempigny.
L’attaque reprend. Les Allemands se défendent avec de nombreux Minenwerfer et mitrailleuses, mais sont contraints de reculer sous la poussée française.
Le 13 août à l’aube, les premiers soldats français atteignent l’Ecouvillon et Ribécourt. En début d’après-midi, l’artillerie française bombarde l’Ecouvillon et force l’ennemi à déguerpir sous la violence du feu.
Le 15 août, l’Ecouvillon n’est toujours pas libéré. Les Allemands défendent âprement le hameau à la mitrailleuse et aux canons de tranchées.
Le 17, après une très puissante préparation d’artillerie, l’ennemi déclenche une contre-attaque sur la Carmoye et sur Attiche. Plusieurs de leurs bataillons sont équipés de lance-flammes. La lutte dure plus d’une heure. Au prix d’efforts surhumains, l’ennemi est repoussé dans ses lignes.
Deux officiers allemands tombés devant les lignes françaises sont récupérés et fouillés. On trouve l’Ordre de Bataille qui indique que les hommes doivent se battre jusqu’au dernier pour que les Fermes de la Carmoye et d’Attiche soient reprises.
Le 20 août, sur la rive droite de l’Oise, le 4ème Zouaves entre dans Ourscamp après avoir chassé les Allemands des bois de Carlepont. Dès le lendemain, tôt dans la matinée, l’ennemi se replie. Les lignes sont enfoncées. En début de soirée, Chiry est définitivement libéré. L’ennemi se replie au-dessus de la Divette. Cependant, les poilus progressent avec beaucoup de précautions car les caves du village sont minées. Plusieurs sont identifiées grâce aux renseignements d’un prisonnier.Le 23 août, quatre groupes de batteries françaises tirent sur la lisière Sud de Passel, puis un bataillon s’élance. Aussitôt l’artillerie allemande déclenche un tir de barrage, qui n’empêche pas les poilus de passer et de progresser rapidement. Passel est entièrement repris. Sur la gauche la situation est bonne, les poilus tiennent Ville.
Le 26 août, la 67ème D.I. française est relevée par les troupes d’Afrique. C’est à eux que revient la charge de libérer Noyon. L’attaque durera 3 jours. Le 30, Noyon est encerclé puis libérée. Ainsi, la marche vers la victoire peut continuer en direction de Ham et Saint- Quentin.
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